Aux grands Hommes, la reconnaissance de la Nation : Louis Sylvain Goma, un témoin privilégié de la vie politique congolaise

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Louis Sylvain Goma, tout comme Marien Ngouabi, Denis Sassou N’Guesso, Kimbouala Nkaya et Yhombi fait partie des militaires progressistes au sein du CNR de Massamba Débat qui a fini par donner naissance au PCT. Premier ministre de 1975 à 1984 puis en 1991, Louis Sylvain Goma bat le record de bail à la Primature.

Sur un total de 17 personnes qui ont exercé les fonctions de Premier ministre de la République du Congo (sans compter premier ministre par intérim), Louis Sylvain Goma a servi à deux reprises non consécutives, c’est d’ailleurs l’un des meilleurs à ce poste qui a su cumuler une dizaine d’années. Il est surtout  un homme politique intergénérationnel actif depuis l’époque de Massamba-Débat mais surtout, l’un des acteurs clés de la Conférence nationale souveraine en  pays de 1991, considérée comme le départ historique du pays dans le régime démocratique.

Biographie et Formation

Né d’un père vili et d’une mère, originaire de Guinée, Louis Sylvain Goma voit le jour un 24 juin 1941 à Pointe-Noire. Il fait ses études primaires à Pointe-Noire, puis au Lycée Victor Augagneur où il décroche son Baccalauréat. Après une année en classe préparatoire au lycée Hoche, à Versailles, en mathématiques supérieures, il poursuit sa formation militaire en France et intègre en 1961, l’École spéciale militaire de Saint-Cyr (promotion BirHakeim), et en sort gradé au rang de lieutenant.

Carrière militaire et politique

Officier du génie, il est Commandant de l’artillerie en 1966. Il fait partie des officiers progressistes qui, dans la mouvance du capitaine Ngouabi, contestent le pouvoir de Massamba-Débat à partir de 1966.

Après la chute de Massamba-Débat, il est nommé Chef d’État-major Général Adjoint des forces armées en 1968. L’année suivante, il devient Secrétaire d’État à la Défense.

Membre éminent du PCT de la première heure, il entre au gouvernement comme Ministre des Travaux Publics et des Transports, après le congrès extraordinaire de ce parti, convoqué par le président Ngouabi du 30 mars au 1er avril 1970.

Outre ses fonctions de ministre, il redevient Chef d’État-major Général des forces armées en  juillet 1974.

Du 5 au 12 décembre 1975, une session extraordinaire du Comité Central du PCT aboutit à la dissolution du Bureau Politique et à la mise en place d’un État-major Spécial révolutionnaire, qui en assume les fonctions, jusqu’au prochain congrès du parti. Le commandant Louis Sylvain Goma en est un des cinq membres, avec Marien Ngouabi, Thystère-Tchicaya, Sassou-N’Guesso et Jean Pierre Gombé. Il est également nommé par le président Marien Ngouabi, Premier ministre en remplacement de Henri Lopès.

Après l’assassinat du président de la République, il fait partie du Comité Militaire du Parti mis en place le 18 mars 1977, avec le rang de deuxième vice-président et conserve son poste de Premier ministre. L’année suivante, il est promu colonel.

En 1979, il est aux côtés du premier vice-président du CMP, Sassou N’Guesso dans le bras de fer qui l’oppose au président Yhombi-Opango. Après la chute de ce dernier, le 5 février 1979, il est confirmé à son poste de Premier ministre par le nouveau président Denis Sassou N’Guesso.

Neuf (9) ans après, il quitte le poste de Premier ministre (Chef du gouvernement, sous Marien Ngouabi). Il devient en juillet1984, le premier président du tout nouveau Conseil constitutionnel. En 1989, il prend la tête du Conseil Économique et Social, nouvellement créé.

Il est nommé général de brigade le 1er janvier 1990, en compagnie de Jean-Marie Mokoko, Raymond Damase Ngollo, Emmanuel Ngouélondélé Mongo et Norbert Dabira.

En janvier1991, Louis Sylvain Goma est chargé par le président Denis Sassou N’Guesso de former un gouvernement d’union nationale, chargé de conduire  le pays  vers la démocratie pluraliste, ce suite à la démission du Premier ministre Alphonse Souchlaty-Poaty, et à la contestation politique et sociale de 1990. Il finit par convoquer une conférence nationale en février 1991, qu’il préside jusqu’à l’élection de Monseigneur Ernest Kombo.

Après l’élection d’André Milongo en juin 1991, il quitte  la Primature. Pour la première fois depuis 1968, il n’exercera aucune fonction publique.

Quittant le monde de la politique, Louis Sylvain Goma se lance dans l’administration. De 1992 à 1998, il est cadre dirigeant de la société pétrolière italienne Agip-Congo, l’actuel ENI.

De 1999 au début de l’année 2012, il est Secrétaire général de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale  (CEEAC) dont le siège est à Libreville au Gabon.

Déconnecté des réalités politiques internes, il est depuis le 21 avril 2012,  nommé ambassadeur plénipotentiaire de la République du Congo au Brésil.