Elections législatives  2022 : Dave Mafoula conteste les résultats des urnes et décide de saisir la Cour constitutionnelle

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« Je suis porté par la conviction que ces échéances ont été un recul et un échec pour notre démocratie. Je constate, avec regrets, qu’après des décennies de pratique démocratique dans notre pays, la transmission du pouvoir politique n’obéit toujours pas aux prescriptions constitutionnelles. Elle continue d’être influencée par des procédés illégaux qui traduisent une anormalité de la vie politique. En fin de compte, chaque élection s’apparente désormais à un perpétuel retour en arrière ou à un effroyable ralentissement social et économique de notre pays. Parce qu’à plus d’un titre, ce qui se manifeste réellement, c’est la volonté de gouverner sans légitimité», a déclaré  Uphrem Dave Mafoula, candidat malheureux aux législatives dans la circonscription électorale de Mossaka 1, lors d’une conférence de presse animée le jeudi 21 juillet 2022 à Brazzaville.

Qualifiées de honteuse pour la démocratie congolaise par Dave Mafoula, les élections législatives et locales du 4 et 10 juillet n’avaient pour autre signification que celle de la fragilité et de la fracture, selon lui. En effet, le président du parti « les souverainistes » qui s’était engagé dans la course aux législatives comme indépendant face à Oscar Otoka, député sortant et candidat du Parti congolais du travail (PCT), ainsi que l’indépendant Christian Boyembé a dénoncé les différentes forfaitures ayant entaché l’intégrité de l’élection à Mossaka telles que, la corruption et l’achat de consciences, des menaces et intimidations. A cela, s’ajoutent la confiscation des procès-verbaux par les présidents des bureaux de vote ainsi que le manque de transparence des résultats, sans oublier le vote des étrangers. Des pratiques anti démocratiques perpétrées, selon lui, par son adversaire en complicité avec le président de la Commission locale d’organisation des élections (Colel).

Selon les résultats provisoires proclamés par le ministre de l’Administration du territoire, de la Décentralisation et du Développement local, Guy Georges Mbacka, le candidat du PCT est élu dès le 1er tour avec 65, 29%, suivi de Uphrem Dave Mafoula 29, 92% et Christian Boyembé 4,78%. Les résultats que ce dernier a totalement rejeté en saisissant par la même occasion la cours constitutionnelle. « Quant aux résultats des élections, je les ai tout simplement contestés, en saisissant le juge constitutionnel, de qui nous attendons une décision juste », a-t-il annoncé.

Selon lui, les congolais ont été les plus grands perdants de ces élections. Car ce n’est ni la majorité avec ces plus de 100 sièges, ni tous ceux qui ont fait les 100% de résultats qui l’ont gagné. Seule la fracture démocratique en est sortie victorieuse.

« Les congolais ont retenu de ce scrutin, une volonté imposée de la manipulation intentionnelle des processus électoraux, ce qui est, à n’en point douter, un recul historique de notre démocratie et de nos institutions. Au lieu d’être un moment de sursaut républicain, ces élections, n’ont fait qu’amplifier la fracture démocratique et politique dans notre pays; créer d’autres conditions de fragilité économique et sociale; augmenter la peur des congolais, leur angoisse, leur inquiétude, leur colère, et provoquer des conflits de tous ordres. En fait, c’est le rapport élections -paix -sécurité dans notre pays qui vient d’être à nouveau mis à mal. Quelle régression historique ! », a-t-il déploré.

Il a rappelé aussi que  le plus important dans une démocratie, ne sera jamais le simple respect du calendrier électoral. Le plus important, en plus de la régularité et de la périodicité, restera l’organisation des élections intègres, donc inclusives, transparentes et responsables. Tout en rependant à ses adversaires politiques qui lancent des appels d’unité de Mossaka, qu’il ne pouvait y avoir unité dans l’irrespect total de la souveraine d’un peuple.

Par ailleurs, Dave Mafoula a expliqué aux professionnels des médias, les raisons de sa détention pendant quelques jours par les forces de sécurité. « Ma plus grande joie aujourd’hui, c’est d’avoir vu toute cette population se mobiliser massivement pour la cause commune du développement de Mossaka. Je ne cesserai de la remercier surtout pour le calme observé jusqu’à présent. Car si je n’étais pas démocrate, en les suppliant de garder leur sérénité, Mossaka serait en feu en ce moment ».

Cependant, ce dernier a conclu son propos par un appel au président de la République de refonder les règles qui régissent la question des élections et la démocratie afin de faire avancer ce domaine : « Excellence Monsieur le Président de la République, plus que jamais, les congolais attendent de vous des actions audacieuses afin de ressusciter notre démocratie », a-t-il suggéré, tout en formulant  son souhait, celui de voir le Congo réduire l’écart entre la simple reconnaissance de la démocratie comme mode de gouvernance et son application véritable.  L’idée, selon lui est de tendre vers une démocratie participative qui permettra aux congolais d’avoir un rôle prépondérant dans l’organisation des élections et éviterait par la même occasion le rejet des résultats et, partant, la crise de légitimité.