La gestion des hôpitaux de la République doit-elle être exclusivement donnée aux administrateurs sanitaires et non aux médecins et Professeurs ?

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Nommé le mercredi 28 juillet 2021 dernier au conseil des ministres, le Professeur Thierry Raoul Alexis Gombé est le nouveau patron du CHU de Brazzaville. Il succède à ce poste le canadien Bernard Raiche qui a été porté à la tête de cette structure hospitalière le 23 septembre 2020. 

Le centre hospitalier et universitaire de la République du Congo, a vu défiler au cours des trois dernières années au sommet de sa hiérarchie, les canadiens notamment, Sylvain Villiard et Bernard Raiche arrivés à Brazzaville dans le cadre de la mise en œuvre du contrat signé entre le CHU de Montréal et les autorités sanitaires congolaises. Seulement, il convient alors de souligner que les passages des deux directeurs généraux canadiens à la tête du CHU-B auront été, pour bon nombre de congolais, une insulte à l’endroit des cadres congolais.

Pour rappel, le collectif des médecins et cadres du Centre hospitalier universitaire de Brazzaville (CHU-B), conduit par l’intersyndicale, avait adressé un mémorandum au gouvernement dans lequel, il exigeait le départ de leur directeur général Sylvain Villiard et la nomination d’un nouveau DG de nationalité congolaise ayant la connaissance des problèmes du CHU-B. L’intersyndicale accusait le directeur canadien d’être à la base de « la destruction du climat de cohésion entre les travailleurs et le processus de fonctionnement du service ». Depuis lors, l’eau a coulé sur le pont et les choses semblent s’être calmées. 

Le nouveau Directeur du CHU-B, le Professeur de cardiologie, Thierry Raoul Gombé est enseignant-chercheur à l’Université Marien-Ngouabi. Il évolue également au CHU de Brazzaville et par conséquent, connaît les problèmes multidimensionnels qui minent cette structure sanitaire.

Cependant, une question particulièrement importante se pose à cet égard : Comme la gestion du CHU-B est maintenant entre les mains d’un des fils de la République, les problèmes pendants liés au fonctionnement de cet hôpital trouveront-ils des solutions ?

Les solutions viendront de l’Etat congolais si on veut bien sauver le CHU-B. Ce qu’il faut surtout c’est d’abord établir  le bilan du partenariat avec les canadiens. Quel est le bilan de la gestion canadienne ? Quels en ont été les résultats ?

Après avoir passé plus d’une année à la tête du plus grand hôpital du Congo, le bilan du canadien demeure  mitigé à ce jour, car beaucoup reste encore à faire au niveau des urgences et la sécurité des lieux, affirme un médecin de ce Centre. Cependant, la réhabilitation des consultations externes a été faite. Pour assurer de bons diagnostics et des traitements adaptés,  un effort a été mené dans les plateaux techniques, dans les réactifs, les films et les médicaments, même si beaucoup reste à faire et ce n’est encore que quelques gouttes d’eau dans un désert.

Quelles solutions va-t-il apporter dans une structure bien malade ?

Au nouveau directeur d’effectuer un véritable diagnostic stratégique de cet hôpital afin d’en déterminer la meilleure thérapie possible. Car on peut changer autant de personnes que possible, s’il n’y a pas l’amour de la patrie, la volonté de pouvoir changer les choses, rien ne se transformera. C’est pour cette raison que, nombreux sont ceux qui pensent que la gestion des entités administratives devrait revenir aux administrateurs de formation (sortis de l’ENAM, ENMA et autres écoles d’administration) et de carrière  car, il ne suffit pas d’être du personnel médical pour avoir les compétences nécessaires pour la bonne gouvernance d’un établissement.

La situation économique actuelle combinée à la crise du Covid-19 a énormément impacté plusieurs secteurs d’activités au Congo. C’est ce qui justifiait d’une part les menaces de grèves sur le fond des revendications des paiements d’arriérés de salaires, les revendications sur l’amélioration des conditions de travail, la mauvaise gestion des cas Covid-19. Le centre hospitalier universitaire de Brazzaville continue à faire face à ses démons. Le nouveau directeur général aura du pain sur la planche.

Par ailleurs le CHU-B n’a pas été le seul à être  doté d’un nouveau responsable, les autres grands centres hospitaliers du pays à l’instar de l’hôpital général de Loandjili et  l’hôpital Adolphe Cissé à Pointe-Noire, ainsi que l’hôpital Edith Lucie Bongo Ondimba d’Oyo ont également eu leurs nouveaux directeurs généraux.