Mairies Dolisie et Mossendjo:Fatigués de l’indifférence du gouvernement, les agents municipaux sortent l’artillerie lourde  en barricadant portes et fenêtres des bureaux

0
1766
des agents en action

 Ce sont des congolais fatigués, qui n’en peuvent plus de la situation d’accumulation d’arriérés de salaires dans les villes de Dolisie et Mossendjo, situées dans le département du Niari. Ces agents municipaux ont alors décidé de sceller mercredi dernier les portes et fenêtres des mairies pour marquer leur abnégation et actions de grève.

Dans la ville de Mossendjo, les agents armés de planches, pointes à la main, sont déterminés à faire entendre leurs doléances par un avis de grève,  en installant des planches aux portes et fenêtres des mairies. Ils ont commencé par la mairie centrale de Dolisie, puis sont passés au deuxième arrondissement de Mossendjo et l’ont poursuivi au premier arrondissement.

Pendant que les travailleurs des mairies de Pointe-Noire et Brazzaville respirerait un peu bien, en dépit de quelques mois d’arriérés, grâce à leurs recettes sûres:  la patente;  les impôts et taxes, les autres mairies ont plus d’autonomie « politique » que « financière » en ayant des arriérés dont personne ne peut comprendre : 5 ans d’arriérés pour les uns et 4 ans pour les autres. Ils sont criblés de dettes, vivent une vie de misère et ne peuvent subvenir à leurs besoins.

« Nous avons supporté, négocié avec le gouvernement, nous avons même donné un délai de 15 jours, hélas il n’exécute pas. Cela s’appelle de l’injustice sociale, car on paie les fonctionnaires », déplore un agent.

« Nous revendiquons nos droits d’agents municipaux. Des mois passent, le gouvernement ne veut pas nous entendre. Vaut mieux lancer un mouvement de grève avec ces 58, 60  et 40 mois pour d’autres mairies. Aujourd’hui, nous disons non, il y a trop de famine. Que le gouvernement nous dise quelque chose. Nous avons des collègues qui sont morts, nos enfants à l’école sont chassés, des ordonnances incapables de payer. Je suis une personne de nature grosse, mais, regardez à quel point j’ai perdu du poids »,  a ajouté un autre un agent de la mairie.

Pour ces derniers, le payement d’un mois de salaire serait très insignifiant. Cela ne leur permettra pas de couvrir leurs différentes charges.  Ils insistent et restent fermes sur le « pas de service minimum » et préviennent ceux qui dérogeront à cela, car ils seront responsables du payement des mois d’arriérés de salaires.

« Les états civils sont fermés. Quiconque sera surpris en train de remplir un document administratif de la mairie dans un coin de rue, celui-là va, nous payer les 58 mois. Ce sont nos enfants, ce sont nos sœurs, ce sont nos parents. Mais pour le moment, tout est bloqué », ont-ils appuyé.

Ces derniers, se questionnent sur le paiement régulier des fonctionnaires et l’abandon des collectivités locales qui n’ont même plus les moyens de tenir leur session.  Ils considèrent cette situation comme une injustice sociale à leur égard, à l’image d’un parent qui prend soin d’un seul enfant et délaisse l’autre à lui-même.

« D’où sort le puisard qu’on sort l’argent pour payer les fonctionnaires ? », disent-ils. Conscients de la crise qui gangrène l’économie mondiale, particulièrement celle du pays, ces manifestants avaient proposé au gouvernement le payement d’un mois de salaire chaque  fin du  mois afin de réduire le nombre d’arriérés, hélas ! « Nous sommes conscients qu’il y a la crise dans le pays, c’est mondial. Mais, le geste qu’ils font aux fonctionnaires, ils doivent nous le faire aussi. C’est un cri de cœur que nous donnons au gouvernement pour qu’il voit notre situation. C’est une grève pacifique parce que c’est la paix qui est primordiale ».

Pour manque de budget, les fonctionnaires des collectivités locales ne sont pas payés depuis un bon et long moment. Conséquence, les sessions ne se tiennent pas, et tout est aux arrêts. Or, les centimes additionnels, qui sont issus de la TVA et donnés en fonction du taux de répartition, n’existent presque plus. 

Aujourd’hui, avec le système de bancarisation tout se complique. Quand ils étaient directement gérés par le trésor, les centimes additionnels étaient aussitôt reversés aux collectivités locales. Le seul moyen de sortir de l’impasse, selon un maire d’arrondissement est celui de revenir aux normes, et se pose la question de savoir comment les recettes de l’État vont être gérées par une banque ?

S’agissant de la ville de Nkayi, seul un service minimum est opérationnel.

Des interpellations sans fin

Rappelons qu’en juin dernier, les présidents des conseils municipaux et départementaux ont exposé leur problème au président du Sénat, Pierre Ngolo.

En juillet, les syndicats des mairies de Dolisie, Nkayi, Mossendjo et Ouesso avaient rencontré  le ministre de l’Administration du territoire, de la Décentralisation et du Développement local, Guy Georges Mbacka, pour l’informer de la situation que traversait les agents de ces mairies depuis environ 5 ans accumulant ainsi près de 60 mois d’arriérés de salaires.

En novembre, le collectif des maires du Congo et des présidents des Conseils départementaux ainsi que les représentants des travailleurs s’entretenaient avec le Premier ministre Anatole Collinet Makosso au cours d’une séance de travail à Brazzaville.

Autrefois, ces municipalités bénéficiaient  de la part de l’Etat, un transfert d’environ 1 milliard pour leur fonctionnement. Malgré l’autonomie garantie par la loi n° 10 – 2003 du 6 février 2003 portant transfert de compétences aux collectivités locales qui stipule en son article 9 : « Les ressources attribuées aux collectivités locales sont équivalentes aux charges supportées par l’Etat à la date du transfert de compétences. Toute charge nouvelle qui incombe aux collectivités locales, du fait des modifications par l’Etat des règles relatives à l’exercice des compétences transférées, est compensée par des ressources faisant l’objet d’un montant équivalent. »

Mais depuis la crise financière, la source semble tarir et la sécheresse a pris le dessus. Serait-ce un manque véritable de politique de prévision et ou de bonne gouvernance ?