Saviez-vous que porter le rouge à lèvres vers les années 1770 était vu comme un péché ?

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Le rouge à lèvres fait partie de la routine beauté de millions de femmes. Il se décline bien sûr en des dizaines de nuances et constitue la touche audacieuse et glamour d’un make-up. Mais il n’en a pas toujours été ainsi puisqu’il a été  longtemps dénigré et, au même titre que les autres cosmétiques, considéré comme un moyen de dissimuler une nature malveillante. 

Si certains l’ont stigmatisé, d’autres en ont tiré profit et l’ont utilisé comme outil de valorisation. Les femmes s’en sont servi pour affirmer leur liberté et leur pouvoir. De nos jours, le rouge à lèvres et le gloss sont devenus indispensables à toutes les femmes. Il est de plus en plus accepté avec l’émancipation de la femme, dans le domaine professionnel également.

« L’œuvre de Dieu ne doit pas être falsifiée »

Porter du rouge à lèvres était considéré comme le signe d’une personnalité trompeuse et coupable de péchés dès les débuts du christianisme jusqu’à l’essor de l’Église d’Angleterre au 16e siècle. « Avec la montée du christianisme, des personnes comme Saint Jérôme ont proclamé que toute tentative visant à changer l’apparence d’une femme allait à l’encontre de la volonté de Dieu. Dieu t’a donné un visage et c’est celui avec lequel tu dois te montrer. Essayer de le modifier, de l’accentuer ou de le dissimuler est de l’ordre du péché ».

En Angleterre, le parlement est même allé jusqu’à interdire le maquillage par une loi, accusant les femmes de séduire les hommes par le moyen du maquillage et étaient accusées de sorcelleries.

En effet, d’autres sont allés encore plus loin en comparant le maquillage à « l’œuvre du diable ». S’opposant farouchement à l’idée que les femmes portent du maquillage ». Porter du rouge à lèvres était même considéré comme un motif de séparation : Un homme pouvait divorcer de sa femme si celle-ci se maquillait. C’était un péché et la croyance générale voulait que « ces femmes » n’étaient pas ce qu’elles prétendaient être.

Dans les années 1700, la pratique a même été assimilée à de la sorcellerie, au même titre que les perruques et les talons. Si les femmes habituées à porter ces artifices en usaient pour « séduire », « tromper » et « inciter » un « sujet de sexe masculin de Sa Majesté » à se marier, alors le châtiment appliqué était le même que pour les citoyennes reconnues coupables de sorcellerie. L’union était par la suite considérée comme caduque puis annulée. « C’est l’une des réponses au maquillage les plus extrêmes qui fut », explique Madeleine Maarsh. La notion de sorcellerie était légitimée par les nombreuses morts soudaines qui survenaient à cause de la toxicité des produits de beauté utilisés (des femmes disparaissaient du jour au lendemain, ce qui ne jouait pas en la faveur des adeptes du maquillage).

En Angleterre, le parlement est même allé jusqu’à interdire le maquillage par une loi, accusant les femmes de séduire les hommes par le moyen du maquillage et étaient accusées de sorcelleries.

Un symbole de résistance et sa popularité

C’est au 20ème siècle et plus précisément lors de la seconde Guerre Mondiale que le rouge à lèvres (rouge, notamment) est devenu le symbole d’émancipation des femmes, d’après les expertes. Le cosmétique incarnait alors le courage, le patriotisme et la résilience. Les hommes étant partis combattre, les femmes jouissaient alors d’une certaine liberté et d’une indépendance qui leur ont permis de profiter autrement de la vie. « Il était de notoriété publique qu’Hitler détestait le rouge à lèvres rouge, alors [le cosmétique] est devenu un signe de rébellion, un bras d’honneur à tout ce qu’il représentait. »,

Dans les années 40 et 50, avec la montée d’Hollywood et les célébrités, le rouge à lèvres devint de plus en plus populaire. De nombreuses teintes sont désormais disponibles.

L’origine

L’idée de se peindre les lèvres existe depuis l’Antiquité. Les Sumériens ont été les premiers à confectionner une sorte de pâte à base de plomb, de pierres précieuses et d’insectes écrasés. Dans l’Egypte ancienne, les femmes peignaient leurs lèvres en rouge. Celles de Cléopâtre étaient recouvertes d’une texture à base d’extraits d’algues rouges, même si cela rendait malade (à cause de l’iode et du brome). Et pour obtenir un effet brillant-nacré, elles n’hésitaient pas à utiliser les écailles de poissons, ou encore des pigments de carmins. En Grèce, en revanche, les femmes qui en portaient étaient assimilées à des prostituées. Au Moyen-Âge, l’Église déclare que peindre son visage revient à défier Dieu et en interdit l’utilisation.

Au XVI ème siècle, sous le règne de la reine Elisabeth I, les lèvres de couleur foncées étaient de mode. La reine avait un visage pâle et des lèvres rouges foncées, devenant un véritable canon de beauté. Le rouge à lèvres était composé alors de cire d’abeille mélangé à des pigments colorés de plantes.

C’est au XIX siècle que le premier tube de  rouge à lèvres fut inventé par la maison Guerlain, l’appelant “Ne m’oubliez pas”. C’était une pommade en cire, avec du beurre et au extrait de pamplemousse. Pourtant, à cette époque le rouge à lèvre était toujours controversé et associé aux prostituées et aux actrices.

Par ailleurs, les rouges à lèvres et certains autres produits de maquillage sont fabriqués avec des corps gras qui peuvent dissoudre et contenir certains polluants. En particulier, la lanoline extraite de la laine de mouton a pu contenir des quantités importantes de pesticides, quand la laine provenait de pays où les moutons étaient entièrement et régulièrement trempés dans des bains d’insecticides  pour les protéger des tiques et d’autres parasites. 

Depuis mars 2009, les substances constitutives des animaux utilisés comme ingrédients cosmétiques sont interdits d’utilisation (exemple : la graisse de baleine). La commercialisation de produits cosmétiques testés au préalable sur des animaux à l’étranger est interdite depuis 2009.